First an introduction to the festival from a documentary film by Philippe Manœuvre:
Le festival Elixir, le premier grand festival de rock en France, débarque en Bretagne au début des années 80 dans le Finistère. Lancé par une bande de passionnés sans le sou, Elixir accueille les plus grands noms de la scène rock pendant sept ans et fait encore briller les yeux de ceux qui y ont participé, de près ou de loin. Avec The Clash, Murray Head, The Cure, The Stranglers, Nina Hagen. Lancée par trois copains, la première édition du festival Elixir a lieu les 14 et 15 juillet 1979, au lieu dit Créach Carnel, à Irvillac, petite commune de quelques centaines d’habitants. "On était des branleurs" se rappelle l'un d'entre eux. La première édition rime avec débrouille, les comptoirs des bars sont fabriqués avec des palettes de patates. Le professeur de physique du collège devient directeur technique pendant l'été. L'affiche promet déjà et le succès débute. Dix mille personnes viennent écouter John Martyn, Dan Ar Bras ou encore Bert Jansch.
Then some parts of the report that appeared in the magazine. Which turns out to be rather dissappointing for JM.
POUSSIÈRE
Irvillac en Bretagne, près de Landerneau, est certainement le festival le plus poussiéreux auquel il m'ait été donné d'assister depuis bien longtemps. Sur ce champ récemment moissonné, à flanc de côteau, on se serait bientôt cru à un moto-cross! Même quand le public, nombreux (plus de dix mille entrées comptabilisées sur le week-end) ne dansait pas, le vent se chargeait de charrier des tourbillons jaunâtres dans tous les coins, cela vous prenait littéralement à la gorge et s'insinuait jusque dans vos pieds et vos épaules, à travers chaussettes et chemises, etc. Dans ces conditions, il fallait vraiment aimer la musique (ou la saleté!) pour apprécier pleinement ce festival. Dommage, car il se déroulait au milieu d'un paysage vallonné et pour le reste très joli, et le programme -à dominante britannique- était bien alléchant. C'est une association type loi de 1901, Elixir, qui, après deux saisons de concerts en salle sur Brest et Landerneau, décidait de se lancer à son tour dans l'aventure festivalière; avec certainement beaucoup de gentillesse et de bonne volonté, une connaissance et un enthousiasme réels vis-à-vis de cette musique, mais un manque d'expérience, de fermeté et -le mot est lâché- de professionnalisme qui entraînait à plusieurs reprises des retards cumulatifs dans les passages des groupes, et plus généralement une désagréable confusion.
Le samedi, on démarrait bien à l'heure, sous le signe de l'Ecosse et de l'Irlande, avec Battlefield Band et Boys Of The Lough. Musiques acoustiques dansantes, bien dans la tradition celtique, par deux groupes toujours égaux à eux-mêmes, mais qui n'ont plus grand-chose à prouver. […]
Ce festival avait mal commencé. Fort heureusement, la deuxième et dernière journée, dans une poussière qui ne désemparait pas, allait nous apporter quelques consolations, en particulier, on va le voir, grâce à Richard & Linda Thompson et à Dan Ar Bras. Enfin, de la musique jouée par des artistes complètement amoureux de ce qu'ils font! […]
Après un John Renbourn honnête mais un tantinet endormant, malgré la présence de bons accompagnateurs comme Jacqui McShee, ex-chanteuse de Pentangle, ou John Molyneux au dulcimer, revenus à la grande scène, nous avions enfin droit au grand moment de pure belle musique que l'on n'espérait plus: Richard et Linda Thompson en formation rock, avec deux ex-Fairport Convention, Simon Nicol (gt) et Dave Pegg (bs), plus un très bon batteur (Michael Spencer). Richard et son physique bizarre, se démenant comme un beau diable sur sa guitare électrique, tirant des sonorités aériennes, véritable acrobate, sourire de plaisir constant aux lèvres; Linda, ciré jaune, abri illusoire contre le vent et la poussière, grande dame très digne à la voix souveraine de précision et d'émotion. […]
Un moment trop court, puis envolés... leur avion les attendait. Vite, qu'ils reviennent tourner en France!
Bert Jansch, avec deux accompagnateurs (Bob Jiggins, v, Malcolm Smith, bs), effaçant la déception de Nyon 78, n'a pas démérité, redonnant toute leur fraîcheur à des titres usés comme Pretty Saro, Another Road, Mirage et, en bis, Cluck Old Hen, corde de guitare cassée mais voix intacte.
On jettera par contre un voile pudique sur l'attitude lamentable de pop-star alcoolique, prétentieuse et autoritaire, adoptée par John Martyn (tout le contraire de ce que ses fabuleux disques donnent le droit d'escompter), pour en arriver au presque final donné par le groupe de Dan Ar Bras: déchaînés, dans une forme exceptionnelle. […]
Ne restait plus, pour conclure, qu'à céder une dernière fois (celle qui était prévue) la scène à Chobo et Pan-Râ, qui l'investirent longuement et à la joie de tous, comme pour conjurer la poussière sous les étoiles... […]
Translation
First an introduction to the festival from a documentary film by Philippe Manoeuvre:
The Elixir festival, the first major rock festival in France, arrives in Bretagne in the early 80s in Finistère. Launched by a bunch of penniless enthusiasts, Elixir welcomes the biggest names in the rock scene for seven years and still makes the eyes of those who participated, near or far, shine. With The Clash, Murray Head, The Cure, The Stranglers, Nina Hagen. Launched by three friends, the first edition of the Elixir festival took place on July 14 and 15, 1979, at a place called Créach Carnel, in Irvillac, a small town of a few hundred inhabitants. "We were wankers," remembers one of them. The first edition stands for resourcefulness, the bar counters are made with potatoe pallets. The college professor in physics becomes technical director during the summer. The poster already looks promising and success begins. Ten thousand people come to listen to John Martyn, Dan Ar Bras and Bert Jansch.
Then parts of the report that appeared in the magazine. Which turns out to be rather dissappointing for JM.
DUST
Irvillac in Bretagne, near Landerneau, is certainly the most dusty festival I have ever attended. On this recently harvested field, on the hillside, we would soon have thought we were on a motocross! Even when the numerous public (more than ten thousand entries counted on the weekend) did not dance, the wind was responsible for carrying yellowish swirls in all corners. It literally took you by the throat and crept into your feet and shoulders, through socks and shirts, etc. In these conditions, you really had to love music (or dirt!) to fully appreciate this festival. Too bad, because it took place in the middle of a hilly landscape, for the rest very pretty, and the program -predominantly British- was very attractive. It is an association type law of 1901, Elixir, which, after two seasons of indoor concerts in Brest and Landerneau, decided to embark on its turn in the festival adventure; with certainly a lot of kindness and goodwill, a real knowledge and enthusiasm towards this music, but a lack of experience, firmness and -the word is out- professionalism which repeatedly led to cumulative delays in the passages of the groups, and more generally an unpleasant confusion.
On Saturday, we started well on time, under the sign of Scotland and Ireland, with Battlefield Band and Boys Of The Lough. Dancing acoustic music, well in the Celtic tradition, by two groups always equal to themselves, but which have little more to prove. [...]
This festival had started badly. Fortunately, the second and last day, in a dust that did not give up, would bring us some consolations, in particular, we will see, thanks to Richard & Linda Thompson and Dan Ar Bras. Finally, music played by artists completely in love with what they do! [...]
After an honest but a bit sleepy John Renbourn, despite the presence of good accompanists like Jacqui McShee, ex-singer of Pentangle, or John Molyneux at the dulcimer, returned to the big stage, we were finally entitled to the great moment of pure beautiful music that we no longer hoped for: Richard and Linda Thompson in rock formation, with two ex-Fairport Convention, Simon Nicol (gt) and Dave Pegg (bs), plus a very good drummer (Michael Spencer). Richard and his bizarre physique, behaving like a handsome devil on his electric guitar, drawing aerial tones, a real acrobat, a constant smile of pleasure on his lips; Linda, yellow raincoat, illusory shelter from the wind and the dust, a very dignified great lady with a sovereign voice of precision and emotion. [...]
A moment too short, then taken off... their plane was waiting for them. Quick, let them come back to France to tour!
Bert Jansch, with two accompanists (Bob Jiggins, v, Malcolm Smith, bs), erasing the disappointment of Nyon 78, was not unworthy, restoring all freshness to worn titles like Pretty Saro, Another Road, Mirage and, in the encore, Cluck Old Hen, with a broken guitar string but intact voice.
On the other hand, we will throw a modest veil on the lamentable attitude of alcoholic, pretentious and authoritarian pop star, adopted by John Martyn (quite the opposite of what his fabulous records give right to expect), to arrive at the pre-final given by the group of Dan Ar Bras: unleashed, in an exceptional form. [...]
To conclude, all that remained was to give the scene one last time (the one that was originally planned) to Chobo and Pan-Râ, who occupied it for a long time and to everyone's joy, as if to ward off the dust under the stars... […]
sitenotes:
I have left out large parts of the original text.
Rock & Folk was a French monthly magazine, published in Paris by Éditions du Kiosque. The picture of the festival terrain is not from the magazine.