The Electric John Martyn - Island ILPS 9715

1 Feb 1983
Rock & Folk #193
Jean-Sylvain Cabot

JOHN MARTYN
THE ELECTRIC

Island ILPS 9715 (Phonogram)
De deux choses l'une: ou bien l'on considère que c'est une compilation, donc un disque d'un intérêt mineur, accessoire, et l'on signale juste si c'est bien fait. Ou bien l'on ne s'occupe que du contenu, et l'on traite ce disque comme il le mérite. J'opte pour la seconde solution, en souhaitant que cette magnifique réalisation contribuera à briser le mur du silence qui entoure mystérieusement l'oeuvre de cet Ecossais possédé et génial qu'est John Martyn.

De 1973 à 1980, on a sélectionné dix chansons parfaitement représentatives de la personnalité du musicien. Deux albums ont été privilégiés, Sunday's Child et One World: trois titres chacun (You Can Discover, Call Me Crazy, Root Love pour le premier, Dancing, Dealer et Certain Surprise pour le second). Sur ces dix chansons, huit sont positivement extraordinaires. Seules, Dancing et Johnny Too Bad ne m'accrochent pas vraiment. Sinon, c'est d'une unité, d'une limpidité, d'une beauté à couper le souffle.

Ce disque s'adresse à tous ceux qui désirent encore être secoués, bouleversés, éblouis. On y voit des ciels tranquilles tourmentés par l'orage et des ciels orageux soudain traversés par une pluie de soleils. On y entend des râles électriques, des murmures et des souffles violents longer des couloirs feutrés et tomber dans des trous noirs. Ou bien des climats ouatés giflés d'éclats violets. Croups de griffes et caresses. Un saxo plane majestueux (So Much In Love With You), des violons rendent la nuit plus douce et onctueuse (Sweet Little Mystery). La guitare s'envole ou courbe l'échine, haletante, sur un tapis magique de percussions dorées. Visions d'Orient (Call Me Crazy). Echos tribaux et murs liquides. Visions d'Afrique (Root Love, Dealer). Un blues défiguré résonne comme une plainte languide, balbutiée et tremblante (I'd Rather Be The Devil).

L'artiste-funambule avance sur la corde tendue au-dessus du gouffre et il en brûle les deux bouts. Il jongle avec le jazz, le folk, le rock, l'électronique et en fait jaillir la beauté convulsive. Rien d'autre.

- JEAN-SYLVAIN CABOT

sitenotes:
Scans provided by Michel Warenghem